Focus métier : ingénieur de production dans l'industrie agroalimentaire

Pierre-Alain, 30 ans, titulaire d'un CV brillant avec notamment un diplôme d'AgroParisTech depuis 2015, est ingénieur de production. Son lieu de travail ? Une grande usine de 600 personnes spécialisée dans la charcuterie (saucisses de Strasbourg, saucisson à l'ail, pâtés) et la salaison (jambon en pièces et tranché, épaule tranchée, lardons). "La gestion du personnel, soit 300 salariés, représente la moitié de ma charge de travail", explique-t-il....

agro food engineer

Un travail de management

Chaque semaine, je veille à ce qu'il y ait le nombre de personnes nécessaires sur une ligne de production". Tâche difficile dans l'agroalimentaire, secteur d'activité peu attractif. D'abord, on y travaille tôt le matin, dans le froid et les odeurs de viande. Ensuite, on y est "mal payé". Et la pression qu'exerce aujourd'hui la grande distribution sur les coûts n'est pas là pour inverser cette tendance, bien au contraire. Pas évident, donc, de recruter du personnel efficace et de motiver une équipe. "Je manie le bâton et la carotte", résume Pierre-Alain, contraint parfois de recourir à l'intérim (celui-ci représente 10 % de ses nouveaux effectifs). "Depuis un an et demi, les salaires ont été augmentés. Mais lorsqu'un employé ou un ouvrier s'absente, il encourt une mise à pied, puis, s'il récidive, un licenciement".

Expertise technique

La technique, c'est l'autre casquette de cet ingénieur de production. Il y consacre un tiers de son temps. A lui de réaliser de nouveaux investissements en machines (trancheurs, machines à confectionner des sachets, à imprimer les dates) et de gérer le préventif, c'est-à-dire prévoir des interventions régulières au cours de l'année sur les machines afin de vérifier le fonctionnement des pièces importantes. Au quotidien, il demande au service technique de réparer la machine en panne afin de reprendre la production au plus vite. Ce qui n'est pas sans poser de problème : "Le secteur de l'agroalimentaire manque d'électrotechniciens et d'électromécaniciens", explique-t-il.

Composante commerciale

Par ailleurs, il travaille avec le service commercial pour répondre aux appels d'offres. Une entreprise désire des saucissons à telle date ? "A moi d'étudier la faisabilité de la commande", avance l'ingénieur de production qui dispose d'outils informatiques d'intelligence artificielle pour gérer son travail. "J'aide le service qualité à répondre aux réclamations et à éviter qu'elles se renouvellent en en informant le personnel, ajoute-t-il. J'interviens également auprès des salariés pour leur rappeler les mesures d'hygiène. Enfin, au service achat, j'indique le nombre et la longueur de films, de cartons ou d'étiquettes dont j'ai besoin. Le métier d'ingénieur de production dans l'industrie agroalimentaire n'est pas le même selon le secteur dans lequel on travaille", conclut Pierre-Alain. Ici, où la durée de conservation des produits est courte, il travaille dans l'urgence, en flux tendu. Ailleurs, dans la laiterie UHT par exemple, où la conservation du produit est de trois mois, il peut consacrer plus de temps au travail de fond (gestion des préventifs, par exemple).

Comment devenir Ingénieur de production dans l'industrie agro-alimentaire ?

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Possibilité d'intégrer, sur concours, l'une des écoles qui forment des ingénieurs agricoles généralistes : Ecole supérieure d'agriculture (ESA Angers), Ecole d'ingénieurs de Purpan, Institut supérieur d'agriculture (ISA Lille), UniLasalle de Beauvais, Institut supérieur d'agriculture Rhône-Alpes (ISARA Lyon). Profil requis : bac scientifique. La sélection s'effectue après examen du dossier et épreuves, et éventuellement entretien. Durée des études : cinq ans.

Après un bac +2

Les grandes écoles qui forment au métier d'ingénieur en agriculture et agroalimentaire recrutent, sur concours, après les classes préparatoires. Ce sont les écoles nationales supérieures agronomiques et les Ecoles nationales d'ingénieurs des travaux agricoles. Profil requis : élève de classes prépas BCPST. La sélection s'effectue sur épreuves écrites et orales. Il existe des concours communs à plusieurs écoles.

Il est également possible d'intégrer ces établissements avec un BTSA ou BTS d'une option appropriée (biochimiste, biotechnologie) ou un DUT (DUT génie biologique, génie chimique) ou deux ans de licence sciences et technologies mention sciences de la vie, sciences de la terre et de l'univers ou sciences de la matière.

Après un bac+4

Outre les élèves issus des classes prépas et des BTS/DUT/Licence, les grandes écoles d'ingénieurs recrutent des titulaires de maîtrises scientifiques qu'elles intègrent en deuxième année. Sélection après examen du dossier et épreuves orales. Durée des études : deux ans.